samedi 30 août 2014

La Comtesse d'Olonne, comédie érotique (1)

Nicolas Racot de Grandval, né en 1676 à Paris où il est mort le 16 novembre 1753, est un compositeur, claveciniste et auteur dramatique français.
On lui attribue cette Comtesse d'Olonne, comédie érotique en un acte.
***

Le théâtre représente, à l'ouverture de la pièce, la comtesse d'OIonne couchée sur un lit de repos, sa femme de chambre assise dans un fauteuil à côté de son oreiller : la comtesse s'éveille en sursaut, épouvantée du rêve qu'elle vient de faire.




SCÈNE PREMIÈRE
ARGÉNIE, LISE

ARGÉNIE, croyant voir l'ombre du duc de Candale, son premier amant.

Fantôme impérieux, qui viens mal à propos.
Condamner mes plaisirs et troubler mon repos.
Va porter aux enfers ta noire jalousie
Et ne te mêle plus de censurer ma vie.
Chargé de tant d'horreurs, de quoi t'avises-tu
De revenir ici me prôner la vertu ?
Ne te souvient-il plus que je suis une femme
De qui le c.. brûlant sent la plus vive flamme
Et que de ton vivant, loin de me soulager,
Cruel, tu débandais, à me faire enrager?
Non, je ne te crains plus, tes menaces sont vaines,
Par ton heureux trépas, la mort brisa mes chaînes :
Depuis ce doux moment, prodiguant mes faveurs,
J'ai dans mes intérêts réuni tous les cœurs;
Il faut f..... ou mourir.

LISE

Il faut mourir ou f ..!
Est-ce donc la colère ou l'amour qui vous outre?
Madame, qu'avez-vous?

ARGÉNIE

Ah ! Lise, quel réveil !
Et que n'ai-je point vu dans mon triste sommeil ?
Au sortir du repas, me trouvant assoupie.
Sur ce lit de repos je me suis endormie;
Lorsque, me remplissant et d'horreur et d’efîroi.
Le jaloux Gandalin a paru devant moi.
« Infâme, m'a-t-il dit d'une voix effroyable,
Je viens te reprocher ta vie abominable ;
Ingrate, as-tu sitôt perdu le souvenir
De l'estime où mon feu pouvait te maintenir?
Dans le nombre des morts je n'étais pas encore
Quand tu m'associas Marcelin et Bigdore,
Ghrisante, Gastellor, l'Aventurier, l'Abbé;
Le reste ne vaut pas l'honneur d'être nommé.
Que tu m'as fait souffrir ! Mais mon plus grand supplice
Fut de voir quels amants étaient à ton service;
Que, sans discrétion et sans cacher ton feu,
Tu fis, de plus en plus, à tout venant beau jeu.
Va, ton abaissement fait honte à ma mémoire .
Ma passion à part, il y va de ma gloire.
Les dieux, pour t'accabler de malheurs infinis.
Vont t'élargir le c. . . et raccourcir les v. . . ;
Les plus jeunes fouteurs auront mille faiblesses;
Toujours à contre-temps tu lèveras les fesses,
Et tes amants, contraints par une dure loi,
Au milieu du coït s'endormiront sur toi.
Pour un gueux impuissant l'amour te rendra folle.
Tes moindres maux seront chaude-pisse ou vérole ;
Enfin, bougresse, enfin, pour avoir trop foutu,
Un chancre confondra ton c. . avec ton cul. »
A peine eut-il fini ces mots épouvantables
Qu'il disparut.

LISE

Ciel ! Quels malheurs effroyables
Menacent vos beaux jours ! et quel affreux tableau !
N'appréhendez-vous pas de tomber en lambeau ?

ARGÉNIE

On ne peut de frayeur être plus agitée.

 
SCÈNE DEUX

ARGÉNIE, GÉLONIDE

La comtesse d'Olonne devient amoureuse du comte de Guiche et consulte la comtesse de Fiesque.

ARGÉNIE

Vous ne croiriez jamais, aimable Gélonide,
Que pour prendre un amant je fusse encor timide.
Cependant, je balance à recevoir le cœur
D'un garçon de vingt ans, d'un aimable vainqueur.
Qui me dit chaque jour qu'il m'aime, qu'il m'adore ;
Vous le connaissez bien, c'est le charmant Bigdore,
Qui, véritablement, en ressentant vos coups.
N'a pas eu de sujet de se plaindre de vous.
Le croyez-vous mon fait? Est-il homme solide?
Vous m'entendez fort bien, ma chère Gélonide.

GÉLONIDE

Madame, à tout ceci, d'honneur, je n'entends rien.

ARGÉNIE

Je parlerai plus clair : ce garçon f…t-il bien ?

GÉLONIDE

Que dites-vous, madame ? Ah ! l'horrible langage !

ARGÉNIE
  
Ne le parlez-vous plus, depuis votre veuvage?

GÉLONIDE

Moi ! je dis tout au plus des mots à double sens.

ARGÉNIE

Comment nommez- vous donc un v… en mots décents ?

GÉLONIDE

Si je nommais cela, je dirais une p....

ARGÉNIE

Ayant le v… au c… vous m'avez bien la mine
De l'y laisser plutôt jusques au lendemain
Que d'oser, pour l'ôter, y toucher de la main.
Mais quittons ce propos, chacun f…t à sa guise.
Bannissons les façons, parlons avec franchise :
Que me conseillez-vous sur ce nouveau fouleur ?

GÉLONIDE

On ne prend là-dessus avis que de son cœur.
Pour moi, j'ai cru le mien; croyez-en donc le vôtre,
Il vous conseillera beaucoup mieux que tout autre.

ARGÉNIE

Le mien sur ce fouteur ne pense rien de bon.
Et mille gens m'ont dit qu'il n'aimait pas le c…
Au contraire, on m'a dit qu'il est de la manchette.
Et que faisant semblant de le mettre en levrette,
Le drôle, en vous parlant toujours de grand chemin,
Comme s'il se trompait, enfilait le voisin ;
Par inclination, c'est un branleur de pique.

GÉLONIDE

Et qui cherche le c… par pure politique.

ARGÉNIE

Que dites-vous, madame, et comment parlez-vous ?

GÉLONIDE

On apprend à hurler, aux bois, avec les loups.

ARGÉNIE

Je suis de votre avis, madame, je l'approuve.
Mais je suis la brebis pour foutre et vous la louve.


 ( à suivre )

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour commenter cet article...