lundi 27 octobre 2014

La franc-maçonnerie et la Révolution Française, de Maurice Talmeyr (3)


Dans La franc-maçonnerie et la Révolution Française (1904), Maurice Talmeyr (1850-1931) reprend quelques-unes des antiennes contre-révolutionnaires déjà esquissées par Burke, Barruel ou encore De Maistre.

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Il faut abréger... Mais toute la Révolution,  ou presque toute la Révolution, et, dans la  Révolution, presque toute journée révolutionnaire, s'explique ainsi par une permanente  conjuration des Loges, où rien n'est aussi  complètement absent que la spontanéité, et où  les deux moyens de machination, selon les prescriptions exactes de Weishaupt, ne cessent jamais d'être, un seul instant, la trahison la plus prodigieusement répandue, et la  plus sauvage violence. Les faits de trahison  rempliraient des volumes. Quoique servis  encore par quelques fidélités admirables, comme par celle de Mandat qui ne fut certainement massacré que parce qu'il était fidèle,  le Roi et la Reine étaient, en réalité, tout  entourés et tout enveloppés de traîtres. C'est ce Savalette de Lange, si judicieusement  placé à l'emploi de garde du Trésor royal. C'est le ministre Necker, que toute une conspiration en règle impose à Louis XVI, et qui  n'est mis là que pour le perdre ! C'est cette  femme Rochereuil qui joue, avec tant de  démonstrations larmoyantes, la comédie du  dévouement à la Reine afin de se faire attacher de plus près à sa personne, et qui vient  dénoncer en secret, au Comité des recherches, tous les préparatifs de la fuite à  Varennes! C'est Mme Necker elle-même, la  femme du ministre en fonction, et qui écrit  à son frère, le franc-maçon Germain, au moment des massacres d'Octobre, pendant lesquels les bandes des massacreurs envahissent le château de Versailles pour y tuer  le Roi et la Reine : « Soyez tranquille, tout  ira bien . »   Et il s'agit, en effet, de tuer le Roi, tout  a toujours été là. Mais le meurtre du Roi n'est pas encore facile, il est encore trop défendu par l'air et la terre mêmes du  royaume. Néanmoins, on y arrivera, c'est une  question d'entraînement, et les Loges s'en  chargent. Elles ont toujours tout réglé, dès  1789, depuis ce 17 juillet où Louis XVI, à son  arrivée à l'Hôtel de ville, avait déjà vu un  bataillon former au-dessus de sa tête ce que le rituel maçonnique appelle la Voûte d'acier et elles régleront tout, jusqu'à  l'exécution, qui sera encore elle-même la  réalisation d'un autre rite ! Elles font ainsi les 5 et 6 octobre, où le Roi échappe, puis le 20 juin, où il échappe encore, puis le 10 août,  où il n'échappe plus, mais où il s'en faut de peu! 
la journée décisive du 10 août 1792
Il s'en faut même de si peu que la Révolution, qui écrase enfin le Roi, manque,  ce jour-là, d'être écrasée par lui, et un témoignage capital, que pas un historien n'a relevé, mais qui semble des plus sérieux, doit être signalé ici. Que Louis XVI n'eût pas  envoyé, de l'Assemblée, l'ordre de cesser le  feu aux défenseurs des Tuileries, et il n'est plus douteux, aujourd'hui, que la Révolution était perdue. Au lieu d'être ce qu'elle est devenue, elle n'eût plus été qu'une crise  comme en avait déjà traversées la Monarchie ! Que Louis XVI, d'ailleurs, ait pu  envoyer cet ordre, qui était sa perte certaine, à la minute précise où sa victoire ne pouvait  plus faire de doute, personne ne l'a jamais  compris, même en sachant jusqu'où sa  faiblesse pouvait aller. Napoléon, qui assistait à l'affaire, en était encore confondu  d'étonnement à Sainte-Hélène. Il en poussait encore une exclamation de stupeur quand  il y pensait dans son île, et c'est surtout ici que les historiens, pour expliquer l'inexplicable, en appellent tous à des raisons mystiques. Or, d'après le témoignage du député Ghoudieu, plus tard conventionnel et régicide, témoignage que contiennent ses Mémoires  récemment publiés, il est permis de croire  que Louis XVI n'a jamais donné l'ordre qui tua, ce jour-là, la monarchie française, et que  non seulement il ne l’a pas donné, mais qu'il  refusa même, par son geste, d'ordonner autre  chose que la résistance à outrance. (…) Mais cet ordre «de cesser le feu», peut-on cependant objecter, se trouve au Musée Carnavalet, écrit de la main même du Roi. Eh bien, non, il ne s'y trouve pas, et le seul  ordre qu'on puisse y voir, non pas écrit de la  main de Louis XVI, mais simplement signé  de lui, c'est l'ordre donné aux Suisses survivants, une fois l'affaire terminée, et quand  il n'y avait plus rien à espérer, de « déposer  leurs armes » et de « se retirer dans leur  caserne ». 

  Et qui donc, en ce cas, venait ainsi, en  pleine lutte, apporter l'ordre de ne plus tirer,  et l'apporter, au nom du Roi, aux défenseurs qui ne pouvaient en croire leurs oreilles? Qui donc, dans un semblable moment, et quand un ordre pareil, en raison de son  invraisemblance, ne pouvait être cru qu'à la  condition d'être apporté par un de ces serviteurs qu'on n'a pas le droit de suspecter,  qui donc bien pouvait être ce serviteur-là ?...  Est-ce M. d'Hervilly ?... Est-ce un autre?...  On ne peut rien dire ! Mais il y avait déjà un Savalette de Lange à la garde du Trésor.  Comment ne pas supposer qu'il y en avait  d'autres ailleurs, et que l'ordre dont la Monarchie est morte a été traîtreusement et faussement donné par un de ceux-là? Comment,  dans tous les cas, puisque nous avons l'ordre signé de déposer les armes après la  lutte, n'avons-nous pas celui de cesser de se défendre en pleine action ? 
Et que va-t-il se passer ensuite pour la  personne même du Roi? L'Assemblée est  dominée par la Franc-Maçonnerie, mais  n'est pas la Franc-Maçonnerie elle-même,  et n'a jamais voté, comme on le croit, et  comme on nous l'a toujours faussement  enseigné, l'emprisonnement du Roi au Temple ! Non ! Elle vote qu'il logera au  Luxembourg. Mais la Commune insurrectionnelle est là, clandestinement nommée  par les Loges pendant la nuit. Elle déclare  le Luxembourg difficile à garder, propose le  palais du Temple, et où met-elle le Roi, dès  l'arrivée au Temple ? Dans le palais, qui est  un séjour princier, et l'un de ceux du comte d'Artois? Non, dans la tour ! L'Assemblée,  en fait, a cru voter le palais, mais un pouvoir occulte, plus fort qu'elle, se moque de son  vote, et, contrairement à ce vote, met le Roi  dans la prison, et dans la prison même des  anciens Templiers ! Et que se passe-t-il à  ce moment même ? Il se passe cette chose  étrange, rapportée par Barruel, qui l'a vue, et qui nous dit ce qu'il a vu, c'est qu'aussitôt le  séjour du Roi au Temple décidé, un grand  nombre de francs-maçons se répandent dans  Paris, et crient partout, à la stupeur générale, en se livrant à des transports de joie : "Le Roi  est arrêté ! tous les hommes sont maintenant  égaux et libres ! Nous n avons plus de secret !  Nos mystères sont accomplis ! La France  entière n'est plus qu'une grande Loge ! Les  Français sont tous francs-maçons et l'univers  entier le sera bientôt !




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