samedi 31 décembre 2016

Louise d'Epinay, de l'ombre aux Lumières

 Le trimestre prochain...


 « A tout prendre, je m'aimerais assez comme je suis, si je n'avais souvent été malheureuse par ma faute. » 
À l'aube de ses trente ans, Louise d'Épinay porte un jugement désabusé sur son existence passée : sur sa vie d'épouse, sa vie de mère, sa vie d'amante, sa vie de femme enfin, plongée à corps perdu dans le Paris des Lumières. Quelle faute pourrait-elle se reprocher ? D'avoir refusé le triste rôle que lui assignait sa famille ? D'avoir lutté pour son émancipation intellectuelle ? D'avoir voulu satisfaire ses ambitions, peut-être ? C'est au contraire pour ces raisons qu'il faut l'aimer, comme l'ont aimée Rousseau, Voltaire, Diderot et tous les grands hommes qui ont vécu auprès d'elle. Par sa quête d'un bonheur personnel, par sa volonté de s'accomplir et de maîtriser son destin, Louise n'était pas de son temps. Elle est du nôtre."

jeudi 22 décembre 2016

Marion Sigaut : l'Eglise au XVIIIè ? Un contre-pouvoir !


 
 
Il fallait oser ! Marion Sigaut l'a fait !
Tout le monde sait que Richelieu, Mazarin, Dubois, Fleury ont incarné à merveille cette notion de contre-pouvoir...

mercredi 21 décembre 2016

Le XVIIIè siècle raconté par Fernand Nathan (1)

Les images sont extraites de L'Histoire de France racontée à tous les enfants (1963).
L'auteur consacre une dizaine d'illustrations à la Régence et au règne de Louis XV. Rapide tour des lieux...






lundi 12 décembre 2016

La justice sous l'Ancien Régime

Quelques rappels sans doute utiles par les temps qui courent...
Les extraits ci-dessous sont tirés du Traité de la justice criminelle, ouvrage du juriste Daniel Jousse publié en 1771.


Concernant le crime d'adultère


 
Jésus et la femme adultère, par Poussin
Concernant le blasphème :



Concernant l'homosexualité :



mercredi 7 décembre 2016

Diderot vu par... sa fille (3)

La scène dont parle Mme de Vandeul a lieu en automne 1749. Les détracteurs de Rousseau en ont souvent tiré parti...
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Mme de Vandeul
Je n’étais pas née lorsqu’il fit connaissance avec Jean-Jacques. Ils étaient liés lorsque mon père fut enfermé à Vincennes ; il donna à dîner à ma mère, et lui fit entendre que mon père ferait sagement d’abandonner l’Encyclopédie à ceux qui voudraient s’en charger, et que cet ouvrage troublerait toujours son repos. Ma mère comprit que Rousseau désirait cette entreprise, et elle le prit en aversion. Le sujet réel de leur brouillerie est impossible à raconter : c’est un tripotage de société où le diable n’entendrait rien. Tout ce que j’ai entrevu de clair dans cette histoire, c’est que mon père a donné à Rousseau l’idée de son Discours sur les Arts, qu’il a revu et peut-être corrigé (ndlr : évidemment, la version proposée par Rousseau dans les Confessions est tout autre) ; qu’il lui a prêté de l’argent plusieurs fois ; que tout le temps qu’il a demeuré à Montmorency, mon père avait la constance d’y aller une ou deux fois la semaine, à pied, pour dîner avec lui. Rousseau avait une maîtresse appelée Mlle Levasseur, depuis sa femme ; cette maîtresse laissait mourir sa mère de faim ; mon père lui faisait une pension de cinquante écus ; cet article était porté sur ses tablettes de dépenses. 
Thérèse Levasseur

Rousseau lui fit la lecture de l’Héloïse ; cette lecture dura trois jours et presque trois nuits. Cette besogne finie, mon père voulut consulter Rousseau sur un ouvrage dont il s’occupait : Allons nous coucher, lui dit Jean-Jacques, il est tard, j’ai envie de dormir. Il y eut une tracasserie de société, mon père s’y trouva fourré ; il conseilla tout le monde pour le mieux, mais les gens qui tripotent ne font jamais usage des conseils que contre ceux qui les donnent. Le résultat de ce tracas fut une note de Rousseau dans la préface de sa Lettre sur les Spectacles, tirée de l’Ecclésiaste (la voici : J'avais un Aristarque sévère et judicieux, je ne l'ai plus, je n'en veux plus ; mais je le regretterai sans cesse, et il manque bien plus encore à mon cœur qu'à mes écrits) ; 
mon père s’appliqua la note, et ces deux amis furent brouillés pour jamais. Ce qu’il y a de sûr, c’est que mon père a rendu à Jean-Jacques des services de tout genre ; qu’il n’en a reçu que des marques d’ingratitude, et qu’ils se sont brouillés pour des vétilles. Au demeurant, si quelqu’un peut deviner quelque chose de ce grimoire, c’est M. de Grimm ; s’il n’en sait rien, personne n’expliquera jamais cette affaire.

jeudi 1 décembre 2016

La Marche rouge par Marion Sigaut - Episode 8




Dans ce 8è épisode, Marion Sigaut conclut très sobrement son récit. Plus question dans son propos de pratiques satanistes ou de réseaux pédophiles... Cherchant les causes de cette sordide affaire d'enlèvement d'enfants, à peine se hasarde-t-elle à évoquer une possible "traite d'être humains"...
Cette explication ne tient pourtant guère à l'examen des faits. Comme on l'a vu précédemment, le Lieutenant Berryer a abusé de ses prérogatives en interprétant à sa guise l'ordonnance de 1749. Ses hommes étaient des chiens de chasse payés à l'arrestation, la rue était leur terrain : mendiants, enfants, gens sans aveu... Chaque tête était censée rapporter entre 12 et 15 livres !

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 Mais revenons à la chronologie des événements.
Quelques jours après les émeutes, le parlement ordonne effectivement «qu'à la requête du Procureur général du roi, il sera informé par-devant Me Aymé Jean-Jacques Severt, conseiller en la cour, tant des émotions populaires et assemblées qui ont été faites dans cette ville et faubourgs de Paris, que contre ceux qui auraientrépandu les faux bruits d'ordres donnés pour enlever des enfants »
Severt fait arrêter ou décréter 20 meneurs et autres représentants de l’ordre en juin, puis 11 autres en juillet.
Parmi plus de 200 témoins interrogés, une quarantaine (seulement !) feront état des enlèvements d’enfants.
En tout 31 meneurs : on trouve parmi eux:
-F. Urbain : « un des plus vifs à exciter le peuple »
-JB Lebeau « un des plus échauffés »
-JB Charvaz « a mis le feu avec de la paille et du bois à la porte du commissaire Delafosse…a frappé Labbé »
Ces trois-là seront condamnés à mort, boucs émissaires d'une justice royale qui bombe le torse pour reprendre la main. 
D'autres auraient pu l'être comme François Chifflet « parmi ceux qui ont assassiné Labbé »
Pour l'exemple, trois hommes étaient sans doute suffisants...
place de Grêve
 
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Les enleveurs témoignent de leur côté.
Même s'il ne figure pas parmi les accusés, l'exempt Girault se plaint :
« après quinze jours de travail…a peine a-t-il eu quatre francs et deux bouteilles de vin »
Et Hamard : « le secrétaire de M Berryer leur a fait espérer qu’ils auraient 15 francs par tête de ceux qu’ils mèneraient à l’hôpital de St Louis… et qu’ils n’en ont rien reçu »
Et Danguizy : « A lui remontré que sous prétexte d'arrêter des joueurs comme gens sans aveu et vagabonds et libertins, on voit par le dépouillement des registres des prisons qu'il y en a beaucoup d'enfants de bourreliers, cordonniers, d'ouvriers en boutique, qu'ils pouvaient bien regarder comme n'étant pas enfants sans aveu ? A dit qu'ils devenaient des petits libertins par la fréquentation de petits vagabonds et gens sans aveu »
Et Leblanc : « a dit qu’on lui donnait 12 francs par tête, sur quoi il était obligé de faire ts les frais comme de voitures et d’archers auxquels il donnait à chacun 15 sous par tête »
Et Faillou, le cavalier du guet : « M. Berryer lui a donné ordre pour arrêter les vagabonds les libertins et gens sans aveu qui jouent à la balle, aux cartes et qui jettent des pierres pour casser les lanternes publiques » 
Lui aussi touchait 12 francs par tête...
Et l'inspecteur Jacques Brucelle :
« Pendant l'espace de six mois, il n'a pas arrêté plus de soixante ou quatre-vingts et qu'il aurait pu en arrêter deux cents ou trois cents au moins.
Le déposant était payé à raison de 12 francs par personne écrouée à la charge pour lui de faire les frais d'assistants et de carrosses, ce qui quelquefois lui coûtait plus des trois quarts a lui représenté que suivant l'ordre qu'il nous vient de représenter , il paraît qu'il était chargé seulement d'arrêter les vagabonds, gens sans aveu, mendiants et filous et interrogé s'il n'a arrêté que de ces sortes de gens ? a dit qu'il a arrêté des joueurs dans le nombre desquels il s'est trouvé des enfants d'ouvriers ou bourgeois, qu'il n'était pas possible de les examiner avant qu'ils ne fussent en prison, parce qu'il y aurait eu bien des occasions où la populace se serait échauffée sans trop savoir pourquoi »
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Le jugement tombe le 1er août :

Concernant Danguisy : « pour ce mandé en la Grand'chambre, y étant à genoux, a été blâmé, le condamne à trois livres d'amende envers le roi » 
Concernant Brucelle, Faillou, Leblanc, Parisis, Colin
« mandés en la Grand'chambre, ont été admonestés, les condamne à aumôner chacun la somme de trois livres appliquable au pain des prisonniers de la Conciergerie du Palais »

De leur côté les trois émeutiers seront exécutés le 3 août.
Donnons à d'Argenson le mot de la fin : « Voilà le Parlement totalement discrédité parmi le peuple, et on ne retrouvera plus ce secours quand il y aura occasion de s'en servir pour l'apaiser »


***

 Le 20 octobre 1750, le pouvoir royal fait afficher dans toutes les places publiques une nouvelle déclaration par laquelle il entend purger les villes du royaume de leurs mendiants.



DECLARATION DU ROI,

Concernant les Mendiants.

"Donnée à Fontainebleau le 10. Octobre 1750.

LOUIS , par la grâce de Dieu , Roi de France et de Navarre : A tous ceux qui ces présentes lettres verront , Salut. Nous avons été informés que notre Déclaration du 18 Juillet 1714 , dans laquelle Nous nous étions proposé de bannir la mendicité de nos Etats, n'ayant pas été aussi bien exécutée depuis le commencement des dernières Guerres, qu'elle l'avait été pendant plusieurs années, le nombre des Mendiants s'était tellement augmenté , qu'il était à propos d'y apporter des remèdes encore plus efficaces que ceux qui ont été employés jusqu'à présent  (…)

I. Enjoignons à tous Mendiants , tant hommes que femmes , de prendre incessamment un emploi pour subsister, si mieux ils n'aiment se retirer dans le lieu de leur naissance ou de leur domicile , dans un mois, à compter du jour de la publication des Présentes , après lequel temps, lesdits Mendiants valides ou invalides , qui seront trouvés mendiants dans notre bonne Ville de Paris , et autres Villes et lieux de notre Royaume , seront arrêtés et conduits dans les Hôpitaux généraux les plus proches des lieux où ils auront été arrêtés , pour y être nourris et gardés pendant le temps qui sera jugé convenable par les Directeurs desdits Hôpitaux, pendant lequel temps nous ferons pourvoir à leur subsistance. (...)

Fin